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Septembre 2019 – Année juive 5779
Chers amis d’Israël, shalom
Le premier septembre, nous sommes entrés dans le mois d’Elloul du calendrier juif, et les eux mois vont se recouvrir pratiquement jusqu’à la fin. Le dernier jour de septembre, Israël fêtera Rosh-Ha-Shana (« Tête de l’année ») et entrera dans le mois de Tichri, le septième des mois bibliques.
Nous vous proposons de partir à la découverte des usages d’Israël concernant cette période de l’année. Elle ne comprend pas de grandes fêtes, mais l’approche de celles qui vont survenir et se multiplier dès le début du mois de Tichri : Rosh-ha-Shana (le 1er), Kippour (le 10), et surtout Souccôt (à partir du 15), ces trois dates qui vont confronter les croyants juifs au Jugement divin, puis à la grâce du Pardon, avant de déboucher dans l’accueil joyeux de l’héritage du Dieu d’Israël (nous parlerions, dans le langage chrétien, du Royaume de Dieu).
Or il n’est pas question d’entrer tout droit dans la fête joyeuse. Ce serait escamoter les exigences de Dieu formulées dans la Torah : le croyant doit d’abord rendre compte de son obéissance. Et comme personne n’est à la hauteur de ces exigences : « Toute notre justice est comme un vêtement souillé » (Esaïe 64 :5), il faut prendre le chemin de la repentance et recourir à la grâce du Tout-Puissant ! C’est cette démarche qui culminera dans le jeûne de Kippour.
Or ce n’est pas juste une démarche d’un jour ! Pour la vivre avec sérieux, l’être humain a besoin d’une longue préparation. C’est pourquoi, avec des différences entre les diverses familles du judaïsme (les ashkénases issus d’Europe de l’Est, les sépharades venus d’Espagne puis des pays méditerranéens), on commence tout au long du mois d’Elloul à sonner le shofar dans les synagogues. Durant l’office de Rosh-Ha-Shana (qu’on appelle aussi Yom Terou’ah ou Fête des Trompettes), il y aura même cent sonneries de shofar qui se succèderont solennellement. La fonction du shofar est d’abord de proclamer que Dieu est Roi : c’est Lui le Créateur du monde et l’univers Lui appartient. Que chacun fasse silence et s’incline ! (Qu’on s’en souvienne avant d’en souffler n’importe comment dans nos célébrations, pour leur donner une coloration sentimentale et juive !)
Mais le shofar est aussi une sonnerie d’alerte : il servait aux temps bibliques à annoncer les menaces de guerre (Jérémie 6 :1). Il nous annonce donc aussi, de la part de Dieu, que notre avenir est mal parti du fait de notre péché (voir Osée 8 :1). Autrement dit, il invite à la repentance : il s’agit de revenir à Dieu, faire demi-tour, se détourner du mal et regarder au Créateur, qui est aussi notre Juge et le Dieu de miséricorde qui aime son peuple envers et contre tout. Tout cela contenu en un seul mot hébreu : techouvah (littéralement : retour ou demi-tour).
Au cours de ces offices du mois d’Elloul, et plus encore les dix premiers jours de Tichri, jusqu’à Kippour, Israël va multiplier les prières de supplication ou seli’hôt. Il fait appel à la miséricorde de
Celui qui s’est révélé en Exode 34 :6-7 : « YHWH, YHWH (ADONAÏ), Dieu miséricordieux et plein de compassion, lent à la colère, riche en grâce et en vérité : faisant grâce à la millième génération, pardonnant les fautes, les crimes et les péchés… » (Traduction d’après David Stern) Et les textes de ces seli’hot ont beau remonter au moyen âge, voire avant, ils sont dits avec une immense ferveur, pour exprimer aujourd’hui la détresse de l’homme pécheur et sa confiance dans la grâce.
Et il y a plus ! Dieu pardonne les offenses qui Lui ont été faites, mais c’est aux hommes qu’il appartient de pardonner les torts qu’ils ont subis ! C’est pourquoi se multiplient aussi les demandes de pardon, les démarches de réconciliation, les gestes de réparation et les offrandes destinées au prochain, qui certes ne vont pas « couvrir » les fautes, mais susciter l’amour et la reconnaissance. Sans compter, tous les sept ans, lors de l’année sabbatique (shemittah), la remise de toutes les dettes entre membres du peuple juif, qui est proclamée le dernier jour d’Elloul ! Bien sûr, c’est un tableau un peu idéaliste, mais c’est un mouvement profond qui touche chaque année les coeurs des pratiquants.
Qu’aucun chrétien n’aille dire qu’il n’est pas concerné par cette démarche de repentance demandée annuellement à Israël ! « Repentez-vous, car le Royaume des cieux est proche ! » est un appel qui résonne au début de chacun des évangiles, dans la bouche de Jean puis de Jésus. Et qui se répète tout au long du Nouveau Testament. Gardons-nous de penser que nous n’avons plus besoin de ce rappel ! Mais laissons-nous plutôt stimuler par le sérieux avec lequel beaucoup de nos frères juifs le pratiquent ! Certes, nous avons particulièrement l’assurance du pardon, au travers du sacrifice de Jésus sur la croix.
Eric Bergier
Pasteur
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