Publications :
- Dans journal de Juillet-Août 2017 : témoignage d’une non-juive Françoise Siefridt « amie des Juifs » (partageant le sort des internés de Drancy)
- Déportations de Gurs : Documents présentés au Musée de Pau
Juillet / Août 2019 – Année juive 5779
Chers amis d’Israël, shalom
Le mois de Juillet se hâte à entrer dans la danse des temps de vacances … . Telle une étoile filante, l’année scolaire s’achève. Bien qu’entrainés dans ce sillage de vitesse, la date du 16- 17 Juillet réveille en nous une douloureuse mémoire : la rafle du Vel d’Hiver en 1942. Cette date signe l’arrêt de mort de la population juive, en grande partie réfugiée et fuyant les pogroms des pays de l’Est. Ce bâtiment consacré aux sports cyclistes « accueillit », durant 5 jours, plus de 12.884 Juifs(1) de tout âge (dont 4051 enfants !), raflés au petit matin et arrachés de leurs appartements de la région parisienne. Dans des conditions inhumaines, (une chaleur d’été écrasante, manque d’eau, sanitaires trop vite saturés), dans ce lieu de sinistre mémoire, antichambre des camps de la mort où ils étaient destinés, étaient parqués ceux qui étaient coupables d’être nés juifs, selon les directives du gouvernement de Vichy … reviennent à la mémoire ces hordes d’enfants séparés de leurs parents , qui avaient transités par les camps de Pithiviers et Beaune-la-Rolande , pour faire une halte au camp de « triage » de Drancy, avant-poste d’Auschwitz-Birkenau … .
Nous ne pouvons oublier ! Nous avons le devoir de ne pas oublier, car la mémoire est vite envahie de tas de raisonnements qui cherchent à annihiler ces vérités.
De passage à Pau (Sud-Ouest de la France), une exposition de dessins dans le Musée local a retenu notre attention : « Gurs, 1939-44 » . Gurs, qui connaît ce nom ? Ce camp d’internement est en fait méconnu d’un très grand nombre, comme la plupart des autres. Ces traces mêmes, au pied des Pyrénées sont quasiment effacées. Ce fut un des nombreux camps où furent internés Juifs et « indésirables ». Dans la zone non- occupée au Sud, 13 camps de concentration importants pour les Juifs furent répartis dans cette zone : dont Nexon (près de Vienne), Vénissieux (près de Lyon), Rieucros (dans la Lozère), Biens (près d’Albi) et les Milles (près d’Aix en Provence), Agde (Béziers), Rivesaltes-St Cyprien-Argelès (Perpignan), Récébédou-Noé (Toulouse), le Vernet (Foix). Dans la zone occupée : Compiègne et Drancy (région parisienne), Pithiviers et Beaune-la-Rolande au-dessus d’Orléans, Vienne et Mérignac (près de Bordeaux) plus sept autres … .
Nous-mêmes, chrétiens, c’est avec stupéfa-ction et repentir que nous prenons connaissance de ces lieux de misère humaine !
Oui, Gurs a vu entre 1940 et 1944, dans ces baraquements, plus de 18.185 Juifs étrangers de l’époque de Vichy. Ce très grand camp comprenait 13 ou 14 unités d’habitation abritant chacune 1400 personnes … .
Au milieu de ce camp boueux par les pluies d’hiver, une baraque fut ouverte en Décembre 1940, par Elsbeth Kasser une infirmière suisse qui partagea volontairement jusqu’en Novembre 1943 la vie des internés. Surnommée « l’ange de Gurs », elle répétait sans cesse : « Il vaut mieux allumer une lumière que de se plaindre de l’obscurité ». Son extrême gentillesse avec tout le monde, internés comme gardiens, ainsi que sa grande beauté détonnaient et forçaient l’admiration de ce lieu de misère. Dans cette baraque, appelée « l’As de cœur », elle y accueille des jeunes mères et des femmes isolées ainsi que des enfants. Elle avait aussi installé une bibliothèque avec des milliers de livres en langue allemande.
Elsbeth Kasser , déjà engagée dans ce camp de 39 à 44 , pour aider les 23.577 réfugiés
espagnols qui avaient fui le régime franquiste d’Espagne, a poursuivi son action de fraternité et d’amour auprès des réfugiés juifs. Encourageant les internés, jeunes et moins jeunes à se « libérer » de leurs angoisses au travers du dessin, elle a pu recueillir des œuvres inédites d’artistes, d’un réalisme terrible de la vie dans ce camp. Après la guerre, bien que traumatisée jusqu’à la fin de ses jours, elle vécut au Danemark en s’efforçant de porter secours aux plus démunis. Elle meurt en 1992, à l’âge de 82 ans.
« Amoureuse de l’art, elle a reçu en remer
ciements plusieurs dizaines de dessins et peintures réalisés au camp par des artistes internés (dont Julius C. Turner – Kurt Löw & Karl Bodet). Sa collection, conservée au Musée de Zurich, constitue aujourd’hui une extraordinaire et impitoyable témoignage sur la vie du camp.
D’août à février 1943, six convois de déportation partent de Gurs vers une destination inconnue. Ils transportent 3907 hommes, femmes et enfants qui sont débarqués à Drancy, dans la région parisienne. De là, ils sont immédiatement transférés vers les camps d’extermination polonais d’Auschwitz-Birkenau et Maïdenek. Aucun n’est revenu !
Le seul crime de ces déportés était d’être nés juifs !
Elisabeth Kasser en sera traumatisée jusqu’à la fin de ses jours : « A quoi bon venir en aide à ces personnes, si c’est en fin de compte, pour les conduire à la mort ? »
Il est de notre devoir, en tant que chrétiens amis d’Israël de ramener à la mémoire ces faits qui souillent le sol de France, alors que l’antisémitisme, la haine du Juif et d’Israël se développe comme un cancer dans l’humanité. Puissent ces lignes vous interpeller et vous pousser à faire réfléchir votre entourage chrétien ou non. Nous devons nous tenir aux côtés du peuple choisi par Dieu. Car si Dieu lui-même a proclamé :« Je t’aime d’un amour éternel », « Tu es la prunelle de Mes yeux », en parlant d’Israël tout en étant parfaitement conscient de sa nature de péché ,comment pourrions-nous nous opposer , par notre attitude , à cela ??? Nous voulons être des lumières dans les ténèbres de ce monde !
Avec Lui et avec eux,
André et Hélène Van Nieuwenhuyse
Représentants des C.F.I. en France
(1) De Georges Weller : Vice-Président de U.N.A.D.I.F. (Union nationale des Associations des déportés et internés et familles disparus) -( CAI Juillet 2008)
Lisez l’intégralité du Bulletin et de la Lettre de Prière CAI des mois de juillet et août 2019