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Juin 2019 – Année juive 5779
Des fêtes simultanées
Chers amis d’Israël, shalom
Ce printemps 2019 (5779) présente une particularité assez rare : les fêtes d’Israël et les fêtes chrétiennes y coïncident de la façon la plus exacte possible. Le Séder de Pessah (repas pascal) a été célébré le soir de notre Vendredi-Saint (souvenez-vous de Jean 19:14 : Jésus est mort sur la croix le jour de la préparation, alors que les agneaux étaient égorgés pour Pessah). Ensuite, nous avons fêté Pâques le jour même de l’Omer (deuxième jour de Pessah, où la gerbe des prémices de l’orge était élevée dans le Temple. Or Jésus ressuscité est appelé « prémices de ceux qui sont morts » (1 Corinthiens 15: 20). Nous avons alors laissé passer sept semaines, et les Juifs ont compté cinquante jours l’un après l’autre, pour obéir littéralement au commandement de Lévitique 23:15-16.
Ainsi, nous arrivons ensemble, le 9 juin, à la fête de Shavouot (les Semaines) pour les uns, Pentecôte (dont le nom, en grec, est construit sur le chiffre 50) pour les autres.
Mais au-delà de ces correspondances de nom et de calendrier, célébrons-nous la même fête ? Il semble bien que non, puisque notre Pentecôte est centrée sur le don du Saint-Esprit et commémore les événements de la Chambre Haute où les disciples étaient réunis à Jérusalem, tandis que Shavouot fait mémoire des événements du Sinaï, quatorze siècles auparavant, après la sortie d’Egypte, et célèbre principalement la révélation de la Torah.
Des manifestations semblables, il est vrai, accompagnent ces deux événements. Les récits bibliques d’Actes 2 comme d’Exode 19 sont tous deux remplis de bruit et de feu. Mais les événements eux-mêmes forment un contraste. La proclamation fracassante des Dix Paroles (que nous appelons les dix commandements), en hébreu, dans le tonnerre et au son du shofar, est bien différente du bouleversement intérieur qui conduisit soudainement les cent-vingt à glorifier le SEIGNEUR dans des langues qu’ils ne connaissaient même pas.
Nous nous garderons donc bien d’amalgamer les deux fêtes : elles montrent avec évidence que la relation que nous entretenons les uns et les autres avec DIEU n’est pas tout à fait la même. Mais nous ferions bien de ne pas non plus les opposer sommairement, comme si le Saint-Esprit et la liberté qu’il apporte avaient tout à coup remplacé une Torah, une loi mosaïque, devenue caduque.
D’abord, il n’est pas vrai qu’Israël ignore le Saint-Esprit. Dès le deuxième verset de la Genèse, on voit l’Esprit de DIEU, la ROUAH ELOHIM (eh oui, c’est en hébreu un mot du genre féminin !) qui plane sur un chaos de mort, prête à éveiller la vie dès que la Parole aura retenti. Ensuite, il est évident que cet Esprit peut souffler et agir à l’intérieur des croyants puisque David prie et nous invite à prier, les uns et les autres : « Ne retire pas de moi ton Esprit Saint ! » (Psaume 51:13). Enfin, par les prophètes, Israël sait que le Saint-Esprit animera toute l’oeuvre du Messie (Esaïe 11:1-2 ; 61:1). Il attend comme nous son effusion sur toute chair (Joël 3:1 ou 2:28 – suivant la numérotation de nos bibles), ainsi que son oeuvre de résurrection (Ézéchiel 37: 14).
Mais surtout, la Torah révélée à Israël n’a pas perdu sa valeur pour nous. C’est un point sur lequel nous insistons dans le cours Késher (voir notre article de janvier). Même si elle doit être interprétée dans ses parties relatives au sanctuaire et aux sacrifices, par exemple, elle continue de nous révéler la volonté du Créateur. Paul la nomme « sainte », « spirituelle » et « bonne » (Romains 7:12.14.16). C’est la condamnation et la malédiction issues de cette Loi que le Messie YECHOUA (Jésus) a prises sur Lui pour nous en délivrer (Galates 3:14 ; 2 Corinthiens 5:21). Il a mis fin à cette condamnation pour tous ceux qui se repentent et se tiennent unis à Lui (Romains 8:1). Mais en même temps, les exigences du DIEU d’Israël ont été inscrites dans nos cœurs, selon la promesse de Jérémie 31:33. Lorsque nous nous abstenons des œuvres de la chair pour cultiver en nous le fruit de l’Esprit (Galates 5:19-23), nous obéissons en réalité aux prescriptions de la Torah. C’est ainsi que nous ne sommes plus « sous la Loi », c’est-à-dire sous la menace de sa condamnation, mais nous portons cette Loi en nous, dans une libre et joyeuse obéissance à la volonté de Dieu. La Torah se concrétise alors dans nos actions et dans notre vécu.
Aimer Israël, c’est aussi renoncer à porter sur ce peuple des jugements théologiques, par exemple en les traitant de légalistes et de propres justes, comme je l’ai fait pendant des années dans mon orgueil de « chrétien » et comme l’Eglise a été si souvent poussée à le faire par ses théologiens. C’est soutenir Israël dans ses luttes, compatir à ses souffrances, se réjouir de sa fidélité et de son obéissance envers son DIEU, qui lui donne de devenir une bénédiction pour tous les peuples, dans l’attente du MESSIE auquel son cœur aspire.
Eric Bergier
Comité suisse
Lisez l’intégralité du Bulletin et de la Lettre de Prière CAI des mois de juin 2019