Publications :

    Février 2021 – Année juive 5781


    Chers amis d’Israël,

    Nous voici au cœur de l’hiver.  Calfeutrés pour résister au froid.  Confinés et masqués pour échapper au virus. Ébranlés dans beaucoup de nos habitudes. Parfois affaiblis financièrement, inquiets pour l’avenir de nos entreprises ou de nos emplois. Et tous fatigués de cet isolement qui se prolonge. Beaucoup se réjouissent de voir une issue grâce aux vaccins. Mais tout le monde ne partage pas cette confiance.

    L’État d’Israël, à la pointe de la technologie dans le domaine médical également, a pu entreprendre avant tous les autres pays de faire vacciner toute sa population. Ce qui a fait dire à certains cette boutade : c’est à Pourim (cette année, les 25 et 26 février) qu’on pourra enfin enlever les masques ! C’est une boutade car on sait bien que parmi les usages de la fête figure celui de se masquer. Autant dire : enlever les masques pour le carnaval !

    On s’en souvient, Pourim célèbre joyeusement la déconfiture des plans antisémites de Haman, ce descendant d’Amalek qui, au sommet du pouvoir politique dans l’empire perse, complotait la destruction totale du peuple juif sur la planète, au cinquième siècle avant notre ère. Ces événements sont relatés dans la Bible : ils sont contenus dans la meguillah (rouleau) d’Esther.

    Chaque année, à travers cette célébration très populaire, Israël se réjouit donc de sa survie à  toutes les tentatives de destruction qui se sont succédées depuis les temps bibliques en près de quarante siècles d’histoire : saccages de Jérusalem, exils, accusations mensongères, enfermements, exclusions, pogroms, massacres, jusqu’à la Shoah, en attendant le discrédit jeté actuellement sur Israël dans les institutions internationales, les attentats

    terroristes de ces trente dernières années et les menaces de destruction nucléaire… Israël est toujours là, grâce à la protection de son DIEU ! Même si les chrétiens que nous sommes se sentent d’abord appelés à la repentance par rapport au rôle joué historiquement par les églises dans toutes ces persécutions, nous pouvons bien comprendre la liesse associée à cette fête.

    Une liesse qui d’ailleurs a même de quoi choquer l’austérité des protestants. Car, par exemple, il est prescrit de s’enivrer, et dans la synagogue elle-même, la lecture de la meguillah est ponctuée d’un joyeux chahut organisé chaque fois qu’est mentionné le nom de Haman, le persécuteur. Avant de taxer ces usages d’excessifs, n’oublions pas que la joie est pour Israël une mitsvah (un commandement) très importante ! Les Juifs nous étonnent souvent par la joie qu’ils manifestent même après des circonstances tragiques. C’est un des secrets de leur résilience, de leur survie.

    L’apôtre Paul fait bien partie de ce peuple. Persécuté, battu, emprisonné, c’est pourtant lui qui nous exhorte : « Réjouissez-vous continuellement dans l’union avec le Seigneur ! Je vous le dis à nouveau : Réjouissez-vous ! » (Philippiens 4 :4 – trad. David Stern) La vie de Paul ne permet pas de s’y tromper. Continuellement veut bien dire : en toutes circonstances, malgré toutes les souffrances, les humiliations et les menaces. A travers Paul, nous sommes bien conduits au DIEU d’Israël, ce DIEU libérateur qui rend la joie dans les pires moments.

    Souvenons-nous de cela : la mauvaise tournure des événements mondiaux (départ de D. Trump, revirement de la politique des États-Unis, renouvellement des accords avec l’Iran, désinformation grandissante, menaces de crise économique, croissance de l’antisémitisme, rumeurs de glissement vers la dictature, etc.) ne doit pas nous conduire à la terreur ni à l’effondrement, quelles que soient nos convictions politiques. Car nous n’avons pas un DIEU lointain. Le nom même d’Esther (en hébreu, littéralement : « Je vais me cacher ») suggère Sa Présence voilée au travers des pires événements, les retournant pour le salut de Son peuple sans jamais que Son action apparaisse clairement (DIEU n’est jamais nommé dans le récit). IL fait ainsi « concourir toutes choses au bien de ceux qui l’aiment » (Romains 8 :28) et les plus grands malheurs, guerres, séismes, famines, ne sont que le « commencement des douleurs » (Marc 13 :8), les douleurs qui conduisent à l’enfantement du Royaume.

    Juifs ou chrétiens, gardons fixé sur le SEIGNEUR le regard de la foi ! Fidèles dans la prière, laissons-nous encourager par le SAINT-ESPRIT et par la Parole de DIEU ! Que rien ne puisse nous enlever notre joie, car c’est elle qui sera pour d’autres une lumière en ce temps de ténèbres !

    Et comme les Juifs qui, à Pourim, entretiennent leur espérance en se faisant des cadeaux les uns aux autres, que grandisse aussi notre générosité envers tous ceux qui ont besoin de marques d’amour, particulièrement en Eretz Israël ! Nos responsables, à Jérusalem, continuent à acheminer vos dons.

    Éric Bergier, pasteur