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    Juillet et Août 2020 – Année juive 5780


    Chers Amis d’Israël,

    Nous n’en avons pas été surpris : l’hostilité envers Israël n’a fait qu’augmenter en Occident après le confinement. Les observateurs de l’antisémitisme l’ont relevé clairement. Et comme lors des grandes épidémies de peste du bas Moyen Age, les Juifs ont été accusé de propager la maladie, voire de l’avoir provoquée. Alors même qu’Israël se débattait contre le fléau et s’imposait un dur confinement, avec des conséquences funestes pour les religieux qui se sont cru à l’abri, se répandaient dans les pays voisins des rumeurs prétendant que les Juifs s’étaient organisés pour échapper à la contagion et profiteraient du virus pour établir leur domination sur le monde…

    Rien de nouveau. Les sociétés cherchent à se mettre d’accord pour désigner le bouc émissaire qui aidera à sortir de la crise. Une fois de plus, c’est Israël qui est visé. Lorsque pour la première fois, les délégués de l’ONU se réunissent après le confinement, ce n’est pas pour tenter de mettre fin à des situations inhumaines qui n’ont que trop duré, mais pour condamner Israël une fois de plus.

    Or, ces trois derniers mois, les rassemblements, même de prière, en faveur d’Israël ont été comme les autres bloqués par le confinement. Il a fallu renoncer, en bien des lieux, à manifester publiquement notre soutien au peuple juif. Mais les responsables qui avaient programmé et organisé pour le 7 juin la troisième Marche de Vie pour Israël à Genève, n’ont pas voulu baisser les bras ni ajourner la manifestation. Car le 7 juin 1943 avait été décrétée pour tous les Juifs de France occupée, l’obligation de porter l’étoile jaune qui les désignait pour la déportation et les sévices. Ce triste anniversaire demandait qu’on se souvienne, et que l’on prenne position aujourd’hui pour que cela n’arrive plus. C’est ce qui poussa le comité de Guésher Ha’haïm (« Pont de Vie »), avec le soutien du groupe d’intercession qui, depuis trois ans, porte les Marches de Vie à Genève, à ne pas abandonner cette date. Il fut décidé de transformer la marche en événement virtuel, traduit intégralement en plusieurs langues (allemand, anglais) et susceptible d’interpeller plus durablement et sur une aire géographique beaucoup plus considérable le public européen, voire mondial.

    Les orateurs déjà réservés pour la Marche ont été sollicités d’apporter leur contribution sous forme enregistrée.  D’anciens intervenants, une rescapée de la Shoah, un responsable de la Synagogue de Genève, le professeur et pasteur David Bouillon, et la chanteuse Corinne Lafitte, ont actualisé leur témoignage des dernières années. Tomas Sandell, président et fondateur de la Coalition européenne pour Israël, dresse un état des lieux de l’antisémitisme. Son Excellence Aviva Raz Shechter, ambassadrice d’Israël auprès des Nations Unies à Genève, répond aux condamnations obsessionnelles dont son pays fait l’objet. Le docteur Gregory Lafitte s’appuie sur Albert Cohen et Jean-Jacques Rousseau pour inviter toutes les nations à reconnaître l’apport de la culture juive dans toutes nos sociétés. Et le pasteur Jobst Bittner, de Tübingen, l’initiateur des Marches de Vie, nous invite à sortir du silence et d’une neutralité qui cache une indifférence toujours plus favorable aux bourreaux qu’aux victimes.

    Mais le moment le plus émouvant fut la lecture d’une déclaration où le pasteur Louis Dallière, en 1971, se déclarait solidairement responsable, en tant que chrétien, des persécutions subies par Israël tout au long de son histoire. Parlant de l’Allemagne nazie, il la qualifie « d’un peuple saisi de folie, peut-être, dans la personne de ses chefs, mais d’un peuple chrétien, cependant, et dont tous les chrétiens sont solidaires. » Et il poursuit : « Mais qu’est-ce qui autorisait les chrétiens à haïr et à persécuter les Juifs ? N’y a-t-il pas là une faute terrible ? … Le fondement de l’Église, c’est une masse humaine juive. Les Saintes Écritures, ce sont celles de l’Ancien Testament… » Il ainsi dit pourquoi nous avons à nous lever. Et pour terminer l’événement l’occasion nous est donnée de nous engager au travers d’une déclaration lue solennellement, devant le tableau prophétique et audacieux d’une Place des Nations décorée d’une gigantesque étoile de David.

    Ce parcours d’une heure quarante, ponctué de magnifiques chants qui sont autant de prières, n’est jamais ennuyeux. Ce serait dommage que le public, relativement peu nombreux le 7 juin, ne soit pas touché par les messages très forts qu’il diffuse. Amis d’Israël de Suisse, de France et de Belgique, nous vous invitons à faire visionner cet événement à vos familles et à vos amis, et à le diffuser sur internet autant que possible. Vous pouvez le trouver sur la chaîne YouTube (Marche de Vie 7 juin 2020 à Genève), ainsi que sur le site des organisateurs : www.marche-de-vie-geneve.com. Plusieurs d’entre vous sont âgés, et n’ont pas forcément accès à internet ? Demandez donc à vos enfants ou à vos connaissances de vous montrer cet enregistrement, et invitez-les à regarder avec vous.

    « Ne nous taisons pas ! Ensemble, face à l’antisémitisme. » (*)

    Un dernier mot sur le tumulte international provoqué ces derniers jours par la décision du gouvernement israélien d’incorporer au territoire d’Israël certaines parties de la Judée et de la Samarie. N’oublions pas que ces régions sont le cœur même des terres données jadis au peuple de Dieu, les « montagnes d’Israël » dont parlent les prophètes (Ezéchiel 36, 1-15). C’est là que se trouvent notamment Sichem, Béthel, Silo, Jérusalem, Bethléem, Hébron. Les terres « annexées » ne sont d’ailleurs pas ces villes, où la population arabe est nombreuse, mais des villages que les Israéliens ont créés en repoussant les limites du désert. Rappelons aussi que ces régions n’ont jamais appartenu au « peuple palestinien », mais que depuis la chute de l’Empire ottoman en 1917, elles sont en attente d’une négociation qui en fixerait l’appartenance en établissant des frontières reconnues. Prions avec persévérance pour qu’Israël puisse disposer de sa terre afin d’y être une bénédiction pour tous les peuples de la région !

    Eric Bergier, pasteur